Pourquoi mon chien et mon chat se battent-ils ?
par Caroline Crevier-Chabot
“Comme chien et chat”, ce n’est pas une expression qu’on aime être applicable à notre maisonnée. Les chiens et les chats n’étant pas de la même espèce, ils ont parfois certains problèmes à bien se comprendre et à s’entendre. Ça ne veut cependant pas nécessairement dire qu’on ne peut pas les aider à changer la vision qu’ils ont l’un de l’autre et leur relation.
Prédateur et… Proie ?
Les chiens sont un peu plus « haut » dans la pyramide des proies et prédateurs que les chats. Ce que je veux dire par là, c’est que les chiens ont moins de prédateurs (typiquement) que les chats. Les chats ont pour prédateurs :
- Les grands oiseaux de proie (et oui, si un grand aigle peut lever un lièvre, il peut lever un chat) ;
- Les coyotes ;
- Les humains ;
- Les CHIENS ! ;
- , etc.
Donc bien qu’ils soient eux-mêmes des prédateurs (leurs proies étant les souris, mulot, petits oiseaux, écureuils, rats, insectes, petits reptiles, etc.), les chats sont aussi des proies et ils ont donc évolué pour être plus réactifs à leur environnement lorsqu’une potentielle menace survient (ils ont plus tendance à se défendre et/ou à fuir rapidement).
Ceci est important dans une maison chat/chien car il faut naturellement être constamment conscient qu’il y a une possibilité que le chien voit le chat comme une proie, avec les conséquences malheureuses que cela impliquerait.
Séparation et chemins de fuite
S’il y a quelque indication que ce soit que votre chat et votre chien ne sont pas de meilleurs amis, il est important de ne pas les laisser ensemble sans surveillance. Il ne faut que quelques secondes pour que l’irréparable ne se produise.
Dans certains cas, on voudra garder les individus complètement séparés, avec une 2e couche de sécurité. Chaque cas est unique. Dans le doute, c’est cette avenue que vous devriez prendre d’ici à ce que vous obteniez de l’aide d’un professionnel.
Ne minimisez jamais le fait que le chien courre après le chat. Pour votre chat, c’est une expérience épeurante à laquelle il est soumis et il ne peut pas y échapper s’il est forcé de vivre dans votre maison. Il ne nous appartient pas de juger ce qui devrait ou ne devrait pas être menaçant pour un autre être vivant. Si vous avez peur des araignées, ça ne sert à rien que je juge que ça ne devrait pas être le cas. Si vous avez peur de vous engager dans une relation sérieuse, ce n’est pas pertinent que je pense que ça ne devrait pas être le cas. Si vous vous sentez diminués lorsque je vous associe à une équipe sportive, ce n’est pas correct pour moi de continuer de faire cette association. Votre sentiment est valide. Votre inconfort est pertinent. Si vous me communiquez cet inconfort, il n’est pas approprié pour moi de le balayer d’un revers de la main. Je devrais plutôt le reconnaître et adapter ma façon d’interagir avec vous afin d’éviter ces inconforts. On ne fait pas subir à d’autres ce qu’on ne voudrait pas nous-mêmes avoir à subir de la part des autres. À partir du moment où je reconnais que votre réalité est toute aussi valide que la mienne, je peux commencer à mieux vous aider. C’est la même chose pour votre chat. Même si vous pensez qu’il ne devrait pas avoir peur de votre chien, ça ne change absolument rien à sa réalité. En reconnaissant que sa réalité est valide, vous vous mettez dans un bien meilleur état d’esprit pour l’aider à surmonter ses craintes.
Même si votre chat et votre chien sont des amis, il est important d’avoir adapté l’environnement de votre maison de sorte que le chat, et parfois aussi le chien, ait des possibilités de fuite faciles. Pour le chat, ceci prendra souvent la forme de perchoirs d’accès facile à de multiples endroits, de cachettes, de tunnels, de mobilier positionné de manière à bloquer le chien (comme un sofa décollé du mur de 10cm), d’une pièce réservée au chat et d’accès contrôlé, etc. Tout ceci permet au chat d’échapper au chien SI LE CHAT EN RESSENT LE BESOIN. Ce n’est pas à nous de juger si le chat devrait où non en ressentir le besoin. Pour que le chat se sente en contrôle dans son environnement, il doit sentir que si besoin est, il pourra se retirer de la proximité du chien.
Quand on sent qu’on a le contrôle, on est beaucoup mieux dans notre tête.
Les besoins et les ressources
Vous l’avez peut-être lu dans notre article sur les conflits entre chats : l’accès aux ressources est primordial afin d’éviter les conflits. Ça inclut notamment des options de lieux de repos calmes, sécuritaires et confortables pour chacun.
On voudra aussi s’assurer que les besoins spécifiques à chaque espèce sont bien comblés afin de favoriser un état émotionnel stable, calme et poli. Les besoins des chats ne sont pas les mêmes que ceux des chiens, bien qu’il y ait des similarités. Notre chat a besoin de pouvoir se percher, grimper, faire ses griffes, etc., alors que notre chien à besoin de mâchouiller, d’utiliser son nez, etc. On portera donc attention à la fois à pitou et à minou pour combler leurs besoins respectifs afin de placer tout le monde dans un état de bien-être où ils pourront mieux apprendre à se connaître.
C’est tout ?
Oh non ! Ce n’est que la base. Le reste est beaucoup plus spécifique à votre chat et à votre chien particuliers. Lors d’une consultation, on regarde :
- L’état de la relation ;
- Les possibilités de gestion de l’environnement ;
- Les ressources ;
- Les renforçateurs de chaque individu ;
- Les échelles d’escalade et de désescalade de chaque individu ;
- Les activités de désescalade de chaque individu ;
- Les exercices de modification de comportement ;
- Les exercices de développement de la relation ;
- , etc.
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